La vie commune *

Publié le par S.L.

La vie commune : essai d'anthropologie générale / Tzvetan Todorov

Que nous dit cet ouvrage de vulgarisation ? D'abord ne nous méprenons pas sur le titre : Todorov considère non pas la vie de couple mais l'homme sociable, lapalissade selon lui, car le Sauvage n'a jamais été qu'une conception de l'esprit masculin, l'homme n'ayant jamais eu le choix.
Il commence par démonter le raisonnement de certains philosophes, trop réducteur, tels celui de La Rochefoucault, selon lequel "C'est l'intérêt seul qui produit notre amitié." En revanche, il félicite Rousseau d'avoir compris que l'homme "ne sait vivre que dans l'opinion des autres, et, c'est pour ainsi dire, de leur seul jugement qu'il tire le sentiment de sa propre existence."
Car, selon Todorov, l'homme, dès sa naissance, n'existe que par le regard d'autrui, et donc au début de sa mère, puis de ses parents, de tout ce qui l'entoure et enfin de la société. Pour Smith comme pour lui, rien n'est pire alors que le mépris. Et, même seul, notre conduite serait guidée par le regard des autres à l'intérieur de nous, par un spectateur impartial, notre conscience. Il approuve Hegel dans sa distinction entre l'homme et l'animal, le premier aspirant à une reconnaissance de sa valeur qui ne peut lui venir que du regard d'autrui. Cette reconnaissance peut être aidée par sa conformité à un groupe donné grâce à son choix vestimentaire et aux références alimentant sa conversation. Ainsi, selon Todorov, "L'image de soi se forme et reforme tout au long de notre existence." Il distingue ainsi le soi archaïque, image forgée enfant dans sa relation parentale, du soi réfléchi, image que nous nous faisons de l'image que les autres se font de nous. Le soi réfléchi se construit donc par la reconnaissance scolaire puis professionnelle et sociale, par l'amitié et l'amour. Et ainsi de conclure :"La vie commune ne garantit jamais, et dans le meilleur des cas, qu'un frêle bonheur."

Un essai particulièrement accessible, parfois lapidaire, dont j'ai moi-même forcément abrégé la pensée. A vous donc de le lire en entier.

La Vie commune : essai d'anthropologie générale / Tzvetan Todorov. - Paris : Seuil, 1995. - 192 p. ; 14 cm. - (La Couleur des idées).- Br. : 120,00 FF.
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