Des hommes ***/Laurent Mauvignier

Publié le par S.L.

Que celui ou celle qui n'a jamais entendu parler Des Hommes, ce roman sur l'Algérie porté aux nues par une presse unanime et enthousiaste, laisse un commentaire sous ce billet !
Piquée par la curiosité, j'aurais pu attendre que le buzz s'apaise, mais mon intérêt s'était trouvé éveillé par le thème abordé, et enfin, cerise sur le gâteau, j'eus le plaisir d'assister à une rencontre avec l'heureux auteur... lequel semble bien parti pour remporter l'un des nombreux prix littéraires de cet automne. Arriva ce qui devait arriver : j'ai lu Des hommes de Laurent Mauvignier et je l'ai aimé. Je l'ai savouré dès la première page, conquise par cette écriture à la fois simple et complice, oui, dans une sorte de
connivence entre le lecteur et le narrateur qui se souvient, remet en ordre ses pensées. Une écriture terriblement juste, doublée d'une analyse psychologique tellement fine, pleine d'un drame à venir, à moins qu'il ne soit déjà passé, ce drame, ailleurs, pendant la guerre d'Algérie, quarante ans avant celui de cette fête d'anniversaire au village, au cours de laquelle Feu de bois offre à sa soeur Solange une broche dont il n'a pas les moyens, et, humilié par la colère et l'incompréhension générales, retourne sa colère contre l'Algérien présent et sa famille. 

"Je me souviens, elle a dit, je me souviens, au début, quand Saïd est arrivé ici, quand on a travaillé ensemble au début, les gens ne disaient rien, ça se passait bien et puis un jour il fallait voter pour les représentants du personnel de la mairie, pour les délégués ou je sais plus. (...) On se connaît tous et personne ne voulait être candidat, parce que tous savent que ça prend du temps, d'être délégué, et puis qu'il faut s'en occuper sérieusement ; et je me souviens de ce que ça a été quand il s'est proposé, Saïd. Ce moment entre les gens, je sais pas comment dire, la gêne, le silence, quelque chose entre les gens, dans les regards ou je sais pas, non, dans l'air, et c'est le gros Bouboule, avec son sourire de gamin et son visage tout rebondi et plissé autour des yeux et sous le menton qui a dit ce que les autres pensaient et qu'aucun n'était capable de reconnaître et d'assumer vraiment, comm si on ne se rendait pas compte, oui, de ce qui se passait."  (p. 96)

Un bon roman, un excellent devrais-je dire, à lire sans tarder, pour ne pas oublier ce que c'était de partir en guerre, de la vivre et d'en revenir, sans un mot sur ce qui s'était réellement passé, sans vouloir remuer tous ces mauvais souvenirs, ces traumatismes dont on ne guérit pas et que l'on garde pour soi.

Minuit, 2009. 280 p.. -
ISBN 978-2707320759 : 17,50 euros.

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R
<br /> <br /> Mon prochain sur la liste. J'ai hâte !!<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> Je suis le spéciment que tu attendais. Je n'ai pas entendu parler de ce roman (à moins que je l'ai oublié :S). Mais on dirait qu'il est vraiment excellent quoique ton résumé soit vague.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> J'essaie toujours d'en dire le moins possible car moi-même déteste en savoir trop : je ne lis par exemple jamais la 4e de couverture !!!! <br /> Mais oui, ce serait dommage de passer à côté. <br /> <br /> <br />
N
<br /> Je suis entièrement d'accord avec toi, Essel, je pense que "Les Hommes" de Laurent Mauvignier est bien parti pour faire le plein de prix littéraires. Du moins, je l'espère, parce qu'il semble<br /> largement le mériter. J'ai entendu la critique unanime et positive du "Masque et la Plume", et cela m'a confortée dans ma volonté de le lire très vite ! Un autre devoir de Mémoire ...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Ah oui, et ce ne sera pas un devoir, mais un plaisir...<br /> <br /> <br />
V
<br /> oh non pas un bon roamn un excellent roman! J'espère qu'il sera justement récompensé.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Sans aucun doute, oui.<br /> <br /> <br />