La joie de vivre ** / Emile Zola
Douleur physique et souffrance morale

Ce roman psychologique semble être le plus intimiste de Zola, en ceci que Lazare souffre comme lui de cette idée de sa mort prochaine. Zola essaie ainsi de réagir contre sa propre hantise de la mort en brossant le portrait de ce personnage nerveux, jamais heureux, antinomique de celui de Pauline portée par une pulsion de vie et d'altruisme, contre le scepticisme et le désespoir pour ceux qui sont trop instruits pour croire aux promesses religieuses. Toute une machinerie du corps est ainsi mise en branle dans le roman à travers les maux dont souffrent l'oncle avec sa goutte, puis la tante, et enfin Louise dont l'enfantement est terrifiant. Zola confronte ainsi la maladie, la douleur physique, à la joie de vivre, à la patience de Pauline qui croit en la médecine et en la toute-puissance de la volonté. C'est ainsi que Pauline, en lutte d'abord contre sa jalousie et son besoin d'être aimée, puis pour son droit d'être pleinement femme et mère, atteindra l'ultime abnégation d'elle-même. A tel point que le lecteur est révolté devant cette souffrance morale, il a bien envie de la secouer, et de rêver pour elle d'une autre vie possible que lui laisse entrevoir le cher médecin, seul à voir clair dans son dévouement sans borne.