Un petit carnet bleu... d'Auster ***

Publié le par S.L.

La nuit de l'oracle / Paul AUSTER.

Alors que les médecins pensaient l’avoir perdu, l’écrivain new-yorkais Sidney Orr survit et, après plusieurs mois, rentre chez lui auprès de sa femme Grace, dont il est toujours éperdument épris. Mais cette épreuve l’a laissé grandement affaibli, criblé de dettes et de surcroît angoissé d’avoir perdu son inspiration. Or un soir, ayant acheté un carnet bleu portugais dans une papeterie tenue par un Mr Chang trop amical, Sid se lance dans le récit d’un éditeur qui, échappant de justesse à la chute d’une gargouille, y voit un signe : la vie lui accorde une seconde chance ; celui-ci décide à l’instant de tout quitter, sa femme et sa carrière, pour sauter dans le premier avion. Excité à l’idée de pouvoir écrire d’un jet sur ce petit carnet, comme dans un état second, Sidney va pourtant être rattrapé par une réalité particulièrement surprenante, qui le touche de très près…

C’est toujours avec une grande impatience que nous attendons les romans de Paul Auster, et pour cause : il sait nous enivrer, nous plonger dans une réalité teintée d’irrationnel, jalonnée de coïncidences, et plus que jamais il excelle ici dans cet art, et en particulier à l’instant où le narrateur quitte son héros et sa fiction pour aller de surprise en surprise dans son univers quotidien. Mais c’est plus encore la première partie qui reste la plus fascinante, car Paul Auster y explore le travail de l’écriture, ambigü, relevant à la fois d’un acharnement et d’une sorte de magie initiatique, multiplie les mises en abîme de l’histoire dans l’histoire qui se poursuivent dans des notes de bas de page s’éternisant jusqu’à devenir des morceaux de récits, … jusqu’à nous donner le vertige. L’un de ses meilleurs romans, sinon LE meilleur.

AUSTER, Paul. – La nuit de l’oracle / trad. de l’américain par Christine Le Boeuf. – Actes Sud, 2004. – 237 p..- ISBN 2-7427-4795-8 : 20 €.

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B
Et bien là (je compare avec "Brooklyn follies"), vois-tu, j'ai été un peu paumée avec tous ces bas-de-page qui prennent autant de place que le reste de l'intrigue. Ca partait un peu trop dans tous les sens pour moi et pourtant j'adore Auster et sa manie des histoires dans l'histoire.
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